Le premier « vrai » bioplastique - 100 % biodégradable et compostable
À plus ou moins long terme, il faudra trouver des substituts aux plastiques. Aujourd’hui, leur production qui atteint 150 millions de tonnes par an dans le monde, représente 4 % du pétrole consommé. En France, 80 % d’entre eux sont des thermoplastiques (polyéthylène, polypropylène, PVC et polystyrène) qui finiront, tôt ou tard, par être remplacés par... des bioplastiques. Science-fiction ? Non. Le premier « vrai » bioplastique fabriqué à partir de farines de céréales et non d’amidon - Biolice de Limagrain Céréales Ingrédients - est déjà commercialisé.
Valoriser la biodiversité des céréales
Cette matière révolutionnaire totalement biodégradable et compostable est née de la préoccupation des actionnaire de Limagrain - tous des agriculteurs en Auvergne - de valoriser la biodiversité des céréales pour créer de nouveaux matériaux respectueux de l’environnement et économes en ressources fossiles. C’est le cas de Biolice qui a reçu le label « OK Compost » en 2005. Un agrément qui, conformément à la norme européenne EN 13432 concernant les exigences relatives aux emballages valorisables par biodégradation et compostage, garantit la décomposition complète du produit en 12 semaines, sans risques de toxicité pour l’environ- nement, que ce soit par compostage naturel, industriel ou particulier.
Développé par les chercheurs et techniciens du centre d’Ulice, Biolice est fabriqué à partir de grains entiers de céréales certifiées non-OGM (maïs ou blés dérivés de plusieurs variétés spécifiques de Limagrain) et d’ un polymère biodégradable dans des proportions (30 à 50 %) qui varient en fonction de l’épaisseur du film qu’on veut obtenir. En fin 2005, Limagrain Céréales Ingrédients est passé du stade pilote (1 000 t/an) à un véritable outil industriel (10 000 t/an) en collaboration avec la société Clextral, spécialiste de l’extrusion bi-vis. Cette ligne de production de granulés thermoplastiques Biolice est située au cœur de la Limagne, non loin de l’usine de semences de la Coopérative Limagrain, au milieu des champs, à côté du moulin et à seulement une centaine de kilomètres du plus grand bassin européen d’extrusion de films plastiques, Saint-Sigolène, en Haute-Loire.
Les sacs de caisse (18 milliards d’entre eux sont distribués annuellement en France et 122 millions sont présents sur le littoral de façon permanente) offrent un fort potentiel de marché pour Biolice, mais les films de paillage constituent actuellement la première application car ils répondent à un besoin et une demande : économies en coût de ramassage et de nettoyage puisque le film disparaît en quelques semaines. Et ce pour un coût équivalent à celui des produits traditionnels. En fait, Biolice permet de réaliser des films et des gaines, comme par exemple les sacs de compost, mais aussi des produits rigides de type injectés et thermoformés (pots horticoles...). Résistant aux matières grasses, à l’eau et à la plupart des solvants, les produits Biolice peuvent aussi être utilisés en association avec des matières traditionnelles comme le papier, le lin ou le chanvre.
Bien qu’ils soient moins gourmands en énergies fossiles et qu’ ils permettent d’éviter entre 30 et 70 % des émissions de CO2 par rapport au cycle de vie des polymères classiques, les bioplastiques représentent encore moins de 1 % du tonnage des emballages plastiques mis sur le marché. Pourtant, leur potentiel, eu égard à leurs performances techniques, est estimé à 10 %.
Outre des mesures incitatives, l’obstacle principal à la progression rapide de ces plastiques est l’absence de circuit français de collecte spécialisé (déchets verts et fermentescibles) et un manque de politique nationale en faveur du compostage. Car il serait aberrant de faire appel à l’incinération, processus coûteux et énergivore, pour des produits qui donnent un excellent engrais par voie naturelle.