Transplantation d'organes : mécanismes immunologiques
Immunogénicité du greffon
Les réactions immunitaires contre un greffon sont liées aux complexes CMH du greffon. Du fait des polymorphismes génétiques, les molécules du CMH de classe 1 et le peptide présenté peuvent être étrangers pour le receveur. Les peptides sont dérivés de protéines cytoplasmiques dégradées par un complexe enzymatique, le protéasome. Ils sont transportés par les protéines TAP dans le RE où l'assemblage avec les molécules du CMH de classe 1 a lieu. La reconnaissance du complexe peptide-CMH par les lymphocytes du receveur déclenche une réponse immunitaire humorale et cellulaire. Les antigènes des groupes sanguins peuvent également être reconnus comme étrangers et provoquer ainsi une réponse immunitaire. Des anticorps naturels contre les antigènes ABO peuvent être la cause d'un rejet hyper-aigu.
Réactions de rejet
1. Rejet humoral
Un rejet médié par des anticorps peut avoir lieu chez des receveurs présensibilisés (par exemple à la suite d'une grossesse ou de transfusions). Les anticorps préformés reconnaissent surtout l'endothélium du greffon et activent le système du complément. Cela conduit à des lésions endothéliales, à une agrégation des plaquettes, des granulocytes et des monocytes ainsi qu'à une coagulation intravasculaire due à la libération de médiateurs. La cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC) joue un rôle important dans le rejet chronique.
2. Rejet cellulaire, phase précoce
Le stade précoce du rejet cellulaire met en jeu des CPA professionnelles. Les CPA du donneur peuvent quitter le greffon et activer les cellules T du receveur. Ces dernières seront restreintes par les molécules du CMH du donneur. De façon alternative, les antigènes du greffon peuvent être phagocytés et apprêtés par les CPA du receveur. Dans ce cas, les cellules T sont restreintes par les molécules du CMH du receveur.
Rejet cellulaire, phase centrale
Les cellules T activées infiltrent le tissu à proximité des CPA et des vaisseaux. On trouve majoritairement des cellules TH1. Les cytokines libérées ont un effet toxique direct sur le tissu et induisent le recrutement d'autres cellules T ainsi que des cellules B, des macrophages et des granulocytes. Les cellules effectrices activées relarguent des médiateurs favorisant la coagulation, des quinines et des eicosanoïdes. Sous l'influence de ces cytokines, l'expression des molécules d'adhésion et du CMH dans le tissu s'accroît.
Chez les receveurs tolérant le greffon à long terme, des processus immuno-modulateurs peu compris semblent avoir lieu. En l'absence du deuxième signal transmis par CD28, l'activation des cellules T naïves reste incomplète. Cet état, aussi appelé anergie, est caractérisé par l'absence d'IL-2 et de réponse T destructrice. Les greffons allogéniques tolérés sont souvent infiltrés par des cellules TH2 qui seraient responsables d'une inhibition des cellules TH1. Elles sécrètent de plus les cytokines IL-10 et TGF-p, qui inhibent l'expression des molécules de costimulation CD80 et CD86.