Stratégies immuno-thérapeutiques (1)

Stimulation de l'immunité non spécifique

Dès la fin du siècle dernier, le chirurgien américain William Coley eut l'idée d'injecter des h'saîs de cellules tumorales autologues pour induire une réponse immune. La simple injection avait en revanche peu d'effets. On commença donc à administrer des adjuvants, en espérant renforcer l'immunité antitumorale. On utilisa principalement des mélanges d'antigènes bactériens tels que le bacille de Calmette et Guérin (BCG) ou Corynebacterlum parvum, plus récemment le virus de la maladie de Newcastle. Bien que certains essais cliniques soient toujours en cours, des résultats imponants de ces stratégies sont peu probables.

Une approche très récente est fondée sur l'introduction de gènes dans les cellules tumorales afin d'amplifier la réponse des cellules T. La sécrétion de cytokines telles que l'IL-2, l'IL-4, I'IL-7 ou le GM-CSF doit stimuler la croissance locale de cellules T ou dendritiques et activer ainsi une immunité antitumorale. Les cytokines peuvent aussi être administrées de façon systémique. Actuellement, l'utilité de l'interféron a et de l'IL-2 pour la thérapie d'un petit nombre de cancers a été établie. L'IFN-a, cytokine immuno-stimulatrice, a aussi un effet antiprolifératif qui pourrait contribuer à son effet thérapeutique. Pour des raisons inconnues, les carcinomes des reins et les mélanomes malins semblent particulièrement sensibles à l'immunothérapie. Le TNF-α est utilisé pour perfuser les extrémités de patients atteints de sarcomes ou de mélanomes.

Induction d'une réponse T spécifique

Lors du diagnostic d'un cancer, la chirurgie est souvent capable d'éliminer la tumeur primaire. Néanmoins, une partie des patients développent des métastases à distance ou des récidives locales. Dans certaines circonstances de risque élevé (nature de la tumeur, niveau de malignité, profondeur de l'invasion tumorale, atteinte des ganglions), on effectue un traitement adjuvant. Mêmes ces traitements sont souvent incapables d'induire une réponse T anti-tumorale, par exemple suite à l'injection de produit tumoral autologue. La présentation d'un antigène tumoral par les cellules tumorales aux cellules T reste sans effet, en raison de l'absence de molécules co-stimulatrices telles que B7 (CD80/86) sur ces cellules. On essaye donc d'introduire le gène B7 dans la tumeur afin de renforcer son immunogénicité. L'utilisation de cellules présentatrices d'antigènes professionnelles pour la présentation des antigènes tumoraux représente une autre approche pour induire une réponse contre une tumeur peu immunogène. Ces cellules expriment un large éventail de molécules stimulatrices permettant l'induction d'une réponse T efficace. Ainsi les cellules dendritiques produites ex vivo peuvent-elles être chargées de lysats tumoraux, ainsi que d'antigènes ou de peptides tumoraux. Les résultats des premiers essais cliniques sont prometteurs. L'administration du BCG après résection locale d'un carcinome de la vessie représente une forme d'immunothérapie spécifique très souvent efficace pour prévenir les récidives. Ce traitement serait à l'origine de réactions inflammatoires activant des cellules présentatrices des antigènes qui phagocytent les cellules tumorales résiduelles et présentent leurs antigènes aux lymphocytes.